Dans le classement des entreprises où il fait bon vivre, il n’est pas sûr que Space X et Tesla accèdent aux premières places dans les années à venir. Ces firmes ne sont pas réputées pour y encourager le développement personnel ou le strict respect des conditions de travail. Et pourtant, des milliers de candidats leur envoient chaque année leur CV, aux Etats-Unis, mais pas seulement.
Là où Bill Gates, Jeff Bezos, Mark Zuckerberg ont promis (l’ont-ils permis ?) un meilleur maillage des humains entre eux dans une perspective horizontale, Elon Musk nous permet de nous projeter au-delà, dans une logique verticale. Il nous emmène vers là-haut.
La période que nous traversons actuellement a clairement montré notre besoin atavique de perspectives. Demain nous est nécessaire pour bien vivre aujourd’hui. Et ce demain, le virus nous en prive depuis un an. Pour certains, les premières victimes, de manière définitive, pour d’autres, la majorité d’entre nous, de manière plus sournoise, en nous retirant tout ce qui constitue les évènements-porteurs de nos vies en perpétuelle construction : stages, premier job, naissances, mariages, ...
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On ne s'engage pas dans les
métiers de la santé pour renoncer
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A quelque niveau que ce soit, on ne s’engage pas dans les métiers de la santé pour renoncer, pour accepter virus, bactéries, cellules tueuses,... Et il est d’ailleurs remarquable que la décélération subite que nous vivons depuis un an à l’échelle de la planète ait été accompagnée d’une incroyable accélération de la recherche. Ces vaccins qu’il n’était pas possible de produire en un temps court sont aujourd’hui dispensés partout dans le monde, peut-être pas aussi rapidement qu’on le souhaiterait mais à une échelle que l’on n’aurait pas imaginée il y a peu encore...
Oui, nous sommes une espèce qui ne se résigne pas. Mais nous sommes aussi tiraillés par des forces contradictoires. Nous pouvons être tentés parfois par une certaine forme d’immobilisme. Qui peut être positive : en acceptant et “accueillant” l’inéluctable, on s’évite des combats aussi inutiles qu’épuisants. Cette forme d’immobilisme permet paradoxalement d’avancer et conduit à la résilience. Il en est une autre, beaucoup moins positive, qui consiste à penser que la science est un mal en-soi, même si ce n’est plus dit ou écrit de cette façon, que la nature est bonne et qu’il ne faut pas s’essayer à en contrarier les lois. Au début de l’épidémie, certains ont même évoqué la notion de virus nécessaire, régulateur... une sorte de gilet jaune apparu soudainement pour rééquilibrer un monde qui va à vau-l’eau. Rien d’étonnant à cela : on avait attribué les mêmes “qualités” à la peste, il y a quelques centaines d’années ou au VIH plus récemment. Si heureusement un grand nombre de ces pourfendeurs de la science avancent démasqués, avec une diatribe qui les disqualifie d’emblée, d’autres ont un discours beaucoup plus pernicieux, se réfugiant continuellement derrière le principe de précaution pour ne pas avancer. Ce sont les adeptes du “Mais”, cette conjonction censée unir mais qui en fait oppose. “Je ne suis pas contre les vaccins. Mais... “. Ils sont en général plus informés que la moyenne des gens car conscients de la nécessité de devoir opposer plus d’arguments à leurs interlocuteurs pour faire avancer leurs idées. Ils s’appuient peu sur les fake news, les laissant au tout-venant. Ils savent qu’elles peuvent les discréditer. Ils leurs préfèrent les “uncertain” news. Toutes ces informations qui sont données au conditionnel. Autant dire que le terreau est fertile pour eux en ce moment avec une recherche médicale habituée à travailler sur le long terme qui se retrouve sous le feu des médias... pour qui le long terme avoisine au mieux les 24 heures. Ces médias qui en outre ont fait leur la logique thèse / antithèse, laissant souvent au spectateur désarmé le soin de faire la synthèse.
Alors oui, entendre Elon Musk parler de Mars, dessiner les premières esquisses du monde de demain, avec cette démesure qui caractérise les fous de génie, c’est rafraichissant, mieux c’est nécessaire. On sait que tout jeune, il a été un grand lecteur. S’il s’est alors intéressé aux mythes fondateurs, on imagine qu’il a été plus inspiré par celui d’Ulysse que par celui d’Icare.
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FMad est l'agence conseil spécialiste des campagnes environnement et corporate dans le domaine de la santé.